Expulsion du locataire : les étapes à respecter en cas d’impayés

Cécile Nlend
Publié par Cécile Nlend
le 26 décembre 2024
Juriste chez PAP.fr

L'expulsion d'un locataire pour impayés de loyer est une procédure légale complexe et réglementée qui peut prendre plusieurs mois, voire des années, avec des étapes précises et des recours possibles pour l'éviter.

Expulser un locataire pour impayés : une démarche longue et coûteuse, à envisager en dernier recours.
Expulser un locataire pour impayés : une démarche longue et coûteuse, à envisager en dernier recours. © Moon Safari/GettyImages

📌 En résumé

Les étapes clés de la procédure d’expulsion, des solutions amiables aux interventions judiciaires.

Résolution amiableDialogue avec le locataire, rappel de paiement ou activation des garanties (caution, assurance).
Commandement de payerEnvoyé par huissier après 2 mois d’impayés. Le locataire a 6 semaines pour payer ou proposer un plan.
Saisine du tribunalEn cas d’échec, le juge peut résilier le bail, accorder des délais ou rejeter la demande.
Quitter les lieuxCommandement envoyé avec un délai de 2 mois pour partir ou régulariser la situation.
Force publiqueSi refus de quitter, le propriétaire saisit le préfet pour intervention. Suspendu pendant la trêve hivernale.

L’expulsion d’un locataire pour impayés de loyer est une procédure encadrée par la loi, complexe et strictement réglementée. Ce processus, qui peut prendre plusieurs mois, voire des années, suit des étapes précises. Voici un guide pratique pour comprendre les démarches à entreprendre, les recours possibles pour éviter une expulsion, ainsi que les exceptions pouvant interrompre la procédure.

La procédure d'expulsion en 5 étapes

1️⃣ Tenter une résolution amiable

Avant d’envisager une procédure judiciaire, il est impératif de tenter une solution amiable. Cette étape peut inclure :

  • un rappel de paiement : dès le premier mois d’impayé, le propriétaire doit adresser un courrier informant le locataire du retard, idéalement en recommandé avec accusé de réception. Il est impératif de ne pas laisser s'accumuler les impayés avant d'agir ;
  • un dialogue ouvert : une bonne communication peut permettre d'identifier les difficultés du locataire en amont et permettre de lui proposer un échéancier pour étaler les paiements ;
  • activez les garanties du contrat : caution solidaire, assurance loyers impayés ou Garantie Visale. En cas de caution solidaire, contactez-la pour les sommes dues. Pour une assurance, vérifiez les conditions du contrat (lettre de mise en demeure ou commandement par huissier). Avec la Garantie Visale, déclarez l’impayé dès un mois de loyers et charges non payés.

📨 Modèle de lettre pour relance d’impayés

Modèle de lettre : Lettre de mise en demeure pour impayés de loyers

En cas d’échec, il est nécessaire d’entamer des démarches plus formelles.

2️⃣ L’envoi d’un commandement de payer par huissier

En cas d’impayés persistants, un commandement de payer peut être envoyé dès deux mois de loyers impayés. Rédigé par un commissaire de justice, ce document ordonne au locataire de régler sa dette. Contenu du commandement de payer :

  • le délai accordé pour payer la dette (6 semaines) ;
  • le montant mensuel du loyer et des charges ;
  • le décompte de la dette ;
  • la mise en garde sur les conséquences d’un non-paiement, notamment la résiliation du bail ;
  • l'adresse du fonds de solidarité pour le logement (FSL) auquel le locataire peut demander une aide financière.

🙋‍♀️ Le locataire dispose de six semaines, pour régulariser sa dette ou proposer un échéancier au propriétaire. Passé ce délai, le propriétaire peut enclencher la phase judiciaire pour le contraindre à payer les sommes dues et quitter le logement.

3️⃣ Troisième étape : La saisine du tribunal judiciaire

En l’absence de régularisation après le commandement de payer, le propriétaire peut saisir le tribunal judiciaire pour demander la résiliation du bail et l’expulsion du locataire.

Assignation en justice Transmise par un commissaire de justice, elle convoque le locataire à une audience (minimum 6 semaines). Le propriétaire n’a pas besoin d’avocat
L’audience Le locataire peut se défendre, demander un délai de paiement ou la suspension de la clause résolutoire du bail
Décision du juge Résiliation du bail : le locataire devient occupant sans titre, avec des indemnités d’occupation fixées par le juge
Délai accordé : le locataire rembourse sa dette selon un échéancier imposé. Si non respecté, le bail est résilié
Rejet de la demande : si le locataire prouve sa bonne foi et sa capacité de remboursement
Notification Décision notifiée par un commissaire de justice. Le locataire peut faire appel, ce qui prolonge la procédure

 4️⃣ L’obtention d’un commandement de quitter les lieux

Si le tribunal ordonne l’expulsion, le commissaire de justice envoie au locataire un commandement de quitter les lieux, accordant généralement un délai de deux mois pour partir volontairement. Pendant ce délai, le locataire peut régulariser sa situation pour suspendre l’expulsion ou négocier un accord à l’amiable avec le bailleur.

👉 Ce commandement doit contenir certaines mentions obligatoires pour être valable :

  • le titre exécutoire justifiant l’expulsion ;
  • le juge à saisir pour demander des délais ou contester l’expulsion ;
  • la date limite pour libérer le logement ;
  • un avertissement précisant qu’après cette date, une expulsion forcée peut avoir lieu ;
  • la reproduction des articles L412-1 à L412-6 du code des procédures civiles d’exécution.

5️⃣ Étape finale : l’intervention de la force publique

En cas de refus du locataire de quitter les lieux, le bailleur doit demander au préfet l’intervention de la force publique. Cette étape marque la dernière phase de la procédure, mais elle peut être longue : le préfet dispose d’un délai légal de deux mois pour répondre.

  • Si le préfet refuse, le bailleur peut obtenir une indemnisation pour trouble de jouissance.
  • Lorsque l’accord est donné, l’huissier coordonne avec les forces de l’ordre pour procéder à l’expulsion effective. Celle-ci ne peut se faire qu’en journée et jamais durant la trêve hivernale, du 1er novembre au 31 mars.

Les exceptions qui peuvent suspendre ou arrêter la procédure

Certaines situations spécifiques peuvent retarder, suspendre ou annuler la procédure d’expulsion.

Trêve hivernale Du 1er novembre au 31 mars, les expulsions sont interdites, sauf décision judiciaire (squat, violence)
Surendettement Si un dossier est déposé à la Banque de France, la procédure est gelée jusqu’à la décision de la commission
Aides financières Le locataire peut demander le FSL pour payer sa dette, ce qui peut stopper temporairement la procédure 
Force majeure ou bonne foi En cas de perte d’emploi ou maladie grave, un locataire de bonne foi peut obtenir des délais accordés par le juge

Si le locataire s’acquitte de la totalité de sa dette dans ce délai, la procédure s’arrête immédiatement.

Prévenir les impayés : un enjeu clé pour les propriétaires

Pour éviter d’en arriver à une procédure aussi lourde, il est conseillé aux propriétaires de :

  • sélectionner avec soin leurs locataires en vérifiant la solidité financière (revenus, garanties) ;
  • souscrire à une assurance loyers impayés (GLI) qui couvre les dettes en cas de défaut de paiement ;
  • maintenir un dialogue ouvert et réactif avec leurs locataires en cas de difficulté.

En conclusion

L’expulsion d’un locataire pour impayés de loyer est une démarche longue et coûteuse, nécessitant de respecter des étapes strictes et encadrées par la loi. Elle doit rester une solution de dernier recours, après avoir exploré toutes les alternatives possibles.

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