Investissement locatif : comment éviter un redressement fiscal ?
Un taux de TVA erroné, des travaux non éligibles aux déficits fonciers… Ces erreurs peuvent déclencher le redressement fiscal d’un investisseur locatif ou d’un propriétaire bailleur. Nos conseils pour l’éviter.
- 1er motif de redressement : modifier le statut de sa location
- 2e motif de redressement : des travaux non éligibles aux déficits fonciers
- 3e motif de redressement : des travaux qui modifient la destination originelle de limmeuble
- 4e motif de redressement : appliquer un taux de TVA erroné
- 5e motif de redressement : engager des travaux sans vouloir louer
- 6e motif de redressement : cesser la location de son bien
Un courrier du fisc vous demandant des informations sur votre déclaration de revenus Cest la preuve que vous faites lobjet dun contrôle fiscal. Un évènement qui peut concerner votre patrimoine immobilier et notamment vos revenus locatifs. Linvestissement dans le logement fait en effet partie des secteurs que le fisc examine. « Limmobilier est une composante importante du patrimoine des particuliers », explique Vianney Rivière, fondateur du cabinet Rivière avocats et associés, spécialisé dans la fiscalité du patrimoine. « Mais ce nest pas forcément une cible de choix privilégiée par le fisc. »
Le risque, en matière de contrôle par le service des impôts, c'est le redressement fiscal. Une somme qui comporte l'impôt normalement dû, assorti d'une amende (en général 10%) et d'intérêts de retard (0,2% par mois), plus les prélèvements sociaux (17,2%). Autre point important : les services fiscaux vont examiner vos trois dernières années de revenus pour décider d'un redressement. Bref, la facture peut être salée. Votre intérêt, c'est donc de connaître les lois fiscales qui sappliquant aux différents types d'investissements locatifs et surtout de savoir les appliquer pour éviter un redressement. Focus sur sept erreurs à ne pas commettre.
1er motif de redressement : modifier le statut de sa location
Certains bailleurs modifient en cours de bail leur location, choisissant par exemple de louer leur bien meublé et non plus vide. Ce qui leur permet de bénéficier dun loyer plus élevé et donc daugmenter la rentabilité de leur investissement locatif. Une modification qui nest pas sans impact sur la fiscalité ! « Les revenus tirés dune location meublée doivent être déclarés au titre des bénéfices industriels et commerciaux (BIC) et non pas au titre des revenus fonciers, rappelle Vianney Rivière. Les règles fiscales sont différentes. Si cet investissement locatif seffectue dans le cadre dune SCI (société civile immobilière), le contribuable sera alors soumis à limpôt sur les sociétés. Ce qui occasionnera des conséquences fiscales imprévues et de nombreuses complications pour linvestisseur. »
Notre conseil : lors de létude de votre investissement locatif, évaluez limpact du choix de votre location (meublée ou vide) sur le montant de vos loyers et limposition de vos revenus en réalisant différentes hypothèses.
2e motif de redressement : des travaux non éligibles aux déficits fonciers
La création de déficits fonciers est un procédé bien connu des investisseurs locatifs opérant aussi bien dans le cadre des monuments historiques, de la loi Malraux que du Pinel dans lancien. Ces derniers peuvent en effet déduire de leurs revenus locatifs les dépenses engagées au titre des travaux damélioration, de réparation et dentretien du logement loué. Si ces dernières sont plus élevées que les recettes, il sagit dun déficit qui sera imputé sur les revenus globaux du contribuable. Les travaux de construction ou de reconstruction ne sont pas éligibles aux déficits fonciers.
Si la distinction entre ces travaux semble évidente, encore faut-il quelle soit clairement identifiée dans les devis et factures reçus par linvestisseur. Ce qui nest pas toujours le cas comme le rappelle Vianney Rivière : « Dans leurs marchés de travaux, certains architectes précisent quils augmentent les surfaces. Ils assimilent ces travaux à une construction alors quil sagit de travaux damélioration ». Des documents mal rédigés qui peuvent coûter un redressement fiscal, ladministration estimant que les dépenses engagées au titre de ces travaux nétaient pas éligibles à la création de déficits fonciers.
Le contrôle fiscal intervenant plusieurs années après lachèvement des travaux, il peut être compliqué de demander aux entreprises de fournir tous les documents techniques et les justificatifs de travaux afin de préciser quil sagissait bien de travaux damélioration et non de construction.
Lors des travaux, faites relire tous les documents par un avocat spécialisé en fiscalité immobilière. Et conservez tous les justificatifs que vous ont transmis les entreprises.
3e motif de redressement : des travaux qui modifient la destination originelle de limmeuble
Les dépenses damélioration sont déductibles des loyers sil sagit dun immeuble dhabitation, les immeubles de bureaux étant donc exclus. Mais le conseil dEtat sappuyant sur un arrêté du 20 juin 1997 (Flor-Florentin) a quelque peu modifié les textes au bénéfice des bailleurs. Un immeuble dhabitation a pu être transformé en immeuble de bureaux pendant quelques années.
Si cette nouvelle occupation ne sest pas accompagnée de travaux modifiant la conception, les aménagements ou les équipements de limmeuble dhabitation comme la destruction de boiseries par exemple, la destination de la construction nest pas modifiée. Il sagit toujours dun immeuble dhabitation. Les dépenses de travaux qui seraient alors entrepris pour remettre ces locaux en location sur le marché résidentiel peuvent être alors déduites des revenus fonciers.
Notre conseil : faites réaliser un constat dhuissier lorsque vos locaux sont occupés à titre professionnel pour prouver que les équipements, la conception des locaux correspondent bien à ceux dun immeuble dhabitation. Vous pourrez ainsi prouver que la destination originelle de limmeuble na pas été modifiée. Et vous bénéficierez de la déductibilité des dépenses des travaux que vous aurez entrepris ultérieurement.
4e motif de redressement : appliquer un taux de TVA erroné
Lorsque vous réaliserez des travaux importants dans des immeubles dhabitation anciens, vous bénéficierez dune TVA à taux réduit, soit 10 % contre 20% sil sagit dune construction. « Cest un enjeu important car les sommes concernées peuvent être élevées », rappelle Vianney Rivière. Trois conditions doivent être réunies. Dans le cadre dune augmentation de surface, cette dernière ne doit pas être supérieure à 10% de la surface existante. Dans le cas contraire, cest une TVA à 20% qui sera facturée.
Autre condition : le gros uvre ne doit pas être refait à plus de 50%. Sont concernés les fondations, les éléments autres que les fondations et les façades hors ravalement. Dernier critère à respecter : les éléments de second uvre concernant la plomberie, les huisseries extérieures, les cloisons intérieures, linstallation sanitaire et la plomberie, linstallation électrique, le système de chauffage, les planchers non porteurs. Au moins lune des six catégories ne doit pas avoir été refaite à plus des deux-tiers.
Notre conseil : faites-vous aider par un professionnel pour vérifier que les travaux envisagés correspondent bien aux règles édictées par ladministration fiscale.
5e motif de redressement : engager des travaux sans vouloir louer
La déductibilité des dépenses des travaux des revenus fonciers nest pas automatique. Encore faut-il prouver que le bailleur avait engagé ses travaux pour louer son bien. Cest ce qua appris une propriétaire à ses dépens. Cette dernière possédant une résidence secondaire avait en effet programmé des travaux dans cette habitation sans avoir lintention de la louer. Pour des raisons familiales, elle a par la suite changé davis. Faute davoir pu prouver au juge quelle avait prévu ses travaux dans la perspective dune location, elle a fait lobjet dun redressement fiscal.
Notre conseil : conservez les justificatifs prouvant votre volonté de louer votre bien. Il peut sagir dun mandat de louer confié à une agence ou dune annonce de location diffusée sur un site immobilier.
6e motif de redressement : cesser la location de son bien
Si les dépenses occasionnées par la location de votre bien comme la réalisation de travaux ont généré un déficit foncier, vous devez continuer à le louer jusquau 31 décembre de la troisième année suivant limputation de votre déficit sur vos revenus. Si vous cessez de louer votre logement avant ce délai, quil sagisse dune occupation personnelle ou de la mise en vente, ladministration fiscale vous redressera du montant des déficits fonciers imputés sur votre revenu global les années précédentes.
Notre conseil : respectez à la lettre le délai qui vous est imposé. Ne prenez pas cette question à la légère : vous pourriez avoir à rembourser de grosses sommes au fisc.
7e motif de redressement : le délai de mise en location dépassé
Le délai de première mise en location ne doit pas dépasser 12 mois sous peine de perdre les avantages fiscaux (Malraux, Pinel). Dans les situations ordinaires, il ny a pas de délais fixés mais une carence trop longue peut être cause de redressement.
Notre conseil : les juges peuvent se montrer compréhensifs si vous parvenez à prouver votre bonne foi, à condition que le loyer pratiqué soit conforme au marché. Autre point : vous devez prouver que vous avez entrepris toutes les démarches nécessaires pour trouver un locataire, que ce soit par la copie dun mandat confié à une agence ou une attestation prouvant quune annonce de mise en location a été diffusée sur un site immobilier dédié.
Les étapes du redressement fiscal
Le redressement fiscal est une procédure très formalisée qui débute par une demande dinformation de ladministration fiscale. Si cette dernière estime que votre déclaration de revenus nest pas conforme, elle vous envoie une proposition de rectification, une jolie expression qui ne doit pas occulter le vrai sens du courrier : la notification dun redressement fiscal. Vous disposez alors de 30 jours pour faire parvenir vos observations au fisc qui vous adressera ensuite sa réponse.
Demander un sursis de paiement au fisc. Faute dun accord, vous recevrez un avis de mise en recouvrement qui doit être payé. Mais vous pouvez demander un sursis de paiement qui peut vous être accordé en échange dune garantie comme la mise en place dune hypothèque sur un bien immobilier. Vous faites alors une réclamation pour contester la décision de ladministration fiscale. Si cette dernière est rejetée, vous pouvez saisir le tribunal administratif (TA). Dans le cas dune décision qui vous est défavorable, vous pouvez faire appel de la décision auprès de la cour dappel administrative. Dernier recours : le conseil dEtat.
Redressement fiscal : comment se faire aider. Avant de vous retrouver devant le tribunal administratif, soyez réactif dès que vous recevez la demande dinformation de ladministration fiscale. « Si le particulier se sent capable de défendre son dossier auprès du fisc il ne doit pas hésiter », conseille Vianney Rivière qui rappelle cependant le particulier à une certaine prudence. « Lors de ses échanges, le contribuable ne doit pas communiquer maladroitement des informations qui pourraient ouvrir dautres perspectives au fisc. » Autre solution : confier son dossier à un avocat spécialisé en fiscalité immobilière. « Il faut un professionnel aguerri qui échange régulièrement avec le fisc avec pour objectif darrêter le contentieux le plus vite possible », conseille lavocat.
Investissement locatif : un loyer sous contrôle
Certains investisseurs louant leurs biens à leurs enfants peuvent bénéficier de déficits fonciers lors de travaux de rénovation. Si la location aux ascendants est acceptée par ladministration fiscale, encore faut-il que le loyer pratiqué soit conforme aux pratiques du marché. Un loyer jugé trop bas par le fisc pourrait en effet déclencher un redressement sur les déficits fonciers créés. En d'autres termes, un loyer de faveur, inférieur aux valeurs de marché, permet de créer plus facilement des déficits fonciers qui seront plus importants. Ce qui fait tiquer le fisc, qui considère qu'il est victime d'un manque à gagner...
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