Ascenseur en copropriété : non, tout le monde ne paie pas pareil (et on vous dit pourquoi)

Cécile Nlend
Publié par Cécile Nlend
le 22 avril 2025
Juriste chez PAP.fr

En copropriété, la contribution à l'entretien de l'ascenseur varie selon des règles établies, prenant en compte divers facteurs liés au lot, au-delà de la simple taille ou occupation du logement.

Des charges injustes ? Vérifiez votre quote-part dans le règlement de copropriété.
Des charges injustes ? Vérifiez votre quote-part dans le règlement de copropriété. © valentinrussanov/GettyImages

📌 En résumé

En copropriété avec ascenseur, deux logements de même surface peuvent avoir des charges très différentes selon leur étage ou les tantièmes qui leur sont attribués.

Ce qu’il faut retenirPourquoi c’est important
Les charges d’ascenseur varient selon les logementsElles sont calculées en fonction de l’utilité pour chaque appartement
Un appartement en hauteur paie souvent plusLes tantièmes sont généralement plus élevés à mesure qu’on monte les étages
Le règlement de copropriété est la seule référenceIl fixe la répartition des charges, parfois très différente d’un immeuble à l’autre

💰 Quelles dépenses sont liées à l’ascenseur ?

L’entretien d’un ascenseur ne se limite pas aux réparations ponctuelles. Il implique aussi des frais réguliers et parfois importants. Voici les principales dépenses concernées.

👉 Toutes ces charges entrent dans les charges générales d’équipement commun, et doivent être réparties entre les copropriétaires. Ces dépenses sont intégrées dans les appels de charges envoyés par le syndic. Mais leur répartition obéit à un principe fondamental : la spécialité des charges.

Type de dépense Exemples
Entretien régulier Visites de maintenance, dépannage 24h/24
Travaux ponctuels Remplacement du moteur, mise aux normes
Fournitures Lampes, boutons, système d’appel
Énergie Consommation électrique de l'ascenseur

La règle générale : une répartition en fonction de l’usage

Cela signifie que plus vous habitez haut, plus vous êtes censé utiliser l’ascenseur, et donc plus vous payez : c'est le principe de la spécialité des charges.

👉 Le principe de spécialité des charges : payer selon l’utilité

Le principe de spécialité des charges, posé par l’article 10 de la loi du 10 juillet 1965, signifie que les charges doivent être réparties en fonction de l’utilité objective de l’équipement pour chaque lot.

Le principe de base est simple : plus un équipement commun est utile à un lot, plus ce lot doit y contribuer. C’est ce qu’on appelle le principe de « l'utilité ». Pour l’ascenseur, cela signifie concrètement que les habitants du rez-de-chaussée ne paient généralement rien (ou presque), tandis que ceux du 5e ou du 6e étage en assument une part bien plus importante.

Ce principe s’oppose à une répartition purement égalitaire, qui serait injuste : on ne peut pas demander à un habitant du rez-de-chaussée de payer autant qu’un propriétaire du 5e étage. Mais cette logique d’utilité n’est pas toujours intuitive. Par exemple, un appartement situé au 1er étage peut se voir attribuer une quote-part, même s’il n’utilise l’ascenseur que rarement, voire jamais. Tout dépend de ce que prévoit le règlement de copropriété. Il doit détailler la répartition des charges ascenseur entre les lots. En pratique, on distingue souvent plusieurs cas de figure.

Bref, plus vous habitez en hauteur, plus vous êtes censé l’utiliser… et donc, plus vous payez.

📍Exemples de répartition des charges

Lot concerné Part dans les charges ascenseur
Rez-de-chaussée 0 % (aucune utilité)
1er étage 20 %
2e étage 30 %
3e étage 50 %

L’étage, bien sûr… mais aussi la situation du logement (lot)

En général, plus on monte dans les étages, plus la quote-part augmente. Mais d’autres éléments peuvent influencer le calcul :

  • Un appartement en duplex, qui occupe les 2e et 3e étages, peut être concerné par deux tranches de charges ;
  • Un local commercial au rez-de-chaussée peut être exclu des charges d’ascenseur… sauf s’il a aussi des bureaux à l’étage ;
  • Une chambre de service au 6e étage, même minuscule, paiera une charge proportionnellement élevée si elle dépend de l’ascenseur pour y accéder.

👉 Autrement dit, ce n’est pas seulement la surface du bien qui compte, mais aussi son positionnement et sa configuration.

🛗 Et les logements qui n’utilisent jamais l’ascenseur ?

Certains copropriétaires peuvent se dire : « Je n’utilise jamais l’ascenseur, je ne devrais pas payer ! » Mais ce n’est pas si simple. Ce qui compte, ce n’est pas l’usage réel, mais l’utilité théorique. Certains appartements sont situés dans une autre cage d’escalier ou dans une aile non équipée de l’ascenseur. Doivent-ils tout de même contribuer ? La réponse dépend du règlement de copropriété :

  • S’ils n’ont aucune utilité de l’ascenseur, ils ne doivent pas participer ;
  • S’il est prévu qu’ils puissent y accéder (par exemple pour rejoindre un local commun ou des combles aménagés), alors une quote-part peut leur être attribuée.

2 cas à distinguer

  1. Un logement (lot) non desservi (par exemple un local commercial au rez-de-chaussée) ne paie pas, sauf si le règlement prévoit une participation, notamment si le local donne accès à un espace commun accessible par ascenseur (toit-terrasse, combles, cave).
  2. Un lot desservi mais peu utilisé (ex. : un studio au 1er étage accessible aussi par l’escalier) paie malgré tout, car l’ascenseur reste utile en théorie.

Mieux vaut vérifier le règlement de copropriété, car en cas de flou, c’est parfois la jurisprudence qui tranche.

Le règlement de copropriété, seule référence valable

Chaque immeuble a ses propres règles, fixées dans le règlement de copropriété. C’est ce document qui détermine :

  • Quels lots participent aux charges d’ascenseur ;
  • Selon quelle clé de répartition (souvent en tantièmes ou en millièmes) ;
  • Et si certaines unités (parkings, caves, rez-de-chaussée) sont exonérées.

🙋‍♀️ Il est donc tout à fait possible que deux appartements de même surface, situés à des étages différents, ne paient pas la même chose — et c’est parfaitement légal.

Pouvez-vous contester les charges si vous n'utilisez jamais l’ascenseur ?

❌ Non ! C’est une question fréquente, surtout chez les copropriétaires du 1er ou du 2e étage. Mais la réponse est claire : l’usage personnel de l’équipement ne compte pas. Ce n’est pas parce que vous préférez prendre l’escalier que vous êtes dispensé de charges. Ce qui compte, c’est le droit d’usage, autrement dit, le fait que l’ascenseur soit accessible depuis votre lot.

Seule exception : si le règlement est modifié à l’unanimité en assemblée générale pour répartir différemment les charges… ce qui reste rare et complexe à obtenir.

Comment contester la répartition des charges d'ascenseur ?

Dans certains cas, la répartition des charges peut être modifiée si elle ne respecte pas le principe d’utilité ou si la situation de l’immeuble a évolué.

Contestation individuelle : révision judiciaire Un copropriétaire peut demander au juge une modification des charges dans les 5 ans, si la répartition ne respecte pas l’utilité (ex. : mêmes charges pour tous, quel que soit l’étage).
Décision collective : vote en assemblée générale Les copropriétaires peuvent voter une nouvelle répartition à la majorité absolue (art. 25), avec un état modifié annexé au règlement et publié au service foncier.
Création d’un ascenseur dans un immeuble ancien Seuls les copropriétaires concernés participent aux frais, selon l’utilité. La répartition est décidée lors du vote des travaux.

Comment vérifier vos charges ?

Pour comprendre (et éventuellement contester) les charges d’ascenseur que vous payez :

  1. Consultez le règlement de copropriété : la grille de répartition y est inscrite.
  2. Demandez le détail des charges à votre syndic ou dans les appels de fonds annuels.
  3. Comparez avec d’autres copropriétaires du même immeuble ou du même étage.
  4. Faites appel à un expert si vous estimez qu’il y a une erreur ou une injustice manifeste.

📍Exemple d'une erreur qui coûte (très) cher

Dans un immeuble parisien de 5 étages, un propriétaire du 1er étage s’est rendu compte qu’il payait 25 % des charges d’ascenseur, soit autant que celui du 4e étage. Après vérification, il a découvert que la grille de répartition n’avait jamais été adaptée à l’installation de l’ascenseur (ajouté dix ans après la construction). Il a obtenu une révision de sa quote-part… et une diminution de 300 € par an sur ses charges.

Des écarts normaux… mais encadrés !

Si vos charges d’ascenseur sont plus élevées que celles de votre voisin du dessous, c’est probablement justifié par les tantièmes de votre lot et sa situation dans l’immeuble. Le tout est encadré par des règles strictes, qui garantissent une certaine équité, même si elle ne saute pas toujours aux yeux.

La répartition des charges d’ascenseur repose sur un principe simple : payer en fonction de l’utilité objective. Ce principe de spécialité permet une répartition plus juste, mais encore faut-il que le règlement de copropriété soit à jour et conforme à la réalité de l’immeuble.

📍Exemple concret : 2 appartements, 2 charges très différentes

Prenons un immeuble de six étages avec ascenseur, dans lequel deux appartements sont de taille équivalente (60 m²). Chaque année, l’entretien et les réparations de l’ascenseur coûtent 3 000 €. Même surface, même copropriété, mais une facture plus du double pour l’étage le plus élevé, une différence prévue dès l’origine dans le règlement de copropriété.

Étage Surface Tantièmes Charges annuelles
1er 60 m² 50 / 1 000 150 €
6e 60 m² 120 / 1000 360 €

📚 Pour aller plus loin : que dit la loi ?

La répartition des charges en copropriété est encadrée par la loi du 10 juillet 1965, toujours en vigueur aujourd’hui. Voici les deux grands principes :

  1. Article 10 : les charges d’entretien et de fonctionnement des équipements communs (comme un ascenseur) sont réparties en fonction de l’utilité que ces équipements présentent pour chaque lot.
  2. Article 43 : une répartition peut être modifiée en assemblée générale, mais nécessite l’unanimité des voix pour être validée.

En conclusion

  • Vérifiez votre règlement de copropriété : il contient la grille de répartition ;
  • Comparez votre quote-part avec celle des autres lots de même étage ;
  • En cas de doute, demandez des explications au syndic, et faites-vous accompagner si besoin pour contester.

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