
La crise sanitaire continue de nous en apporter la preuve chaque jour : le logement constitue plus que jamais pour les Français une valeur refuge. Des études récentes ont démontré que la population hexagonale portait un regard positif sur nos lieux de vie. Pourtant les problèmes de conformité aux normes électriques ou les dysfonctionnements liés à la ventilation concernent encore une large majorité de logements en France.
Dans ce contexte incertain, doublé par le renforcement des contraintes liées au confort énergétique, la chambre des diagnostiqueurs CDI-FNAIM a voulu interroger les Français sur la question de la décence. « Plus exactement, nous avons voulu mesurer le décalage qui pouvait exister entre dun côté la vision des Français sur la notion de décence et de lautre la réalité du parc de logements dans lHexagone », explique Jennifer Laroussarias, formatrice et consultante chez Aube qui a présenté létude à la presse.
Des critères divergents. Premier chiffre à retenir dans cette enquête : 93 % des Français interrogés jugent leur logement décent. « Pourtant il existe de grandes disparités sur la définition même de décence », explique Jennifer Laroussarias. Ainsi, selon la loi, la décence repose sur quatre grands piliers : la sécurité, la santé, le confort et désormais lenvironnement. Les critères retenus par les Français apparaissent comme un peu différents. Pour 43 % des sondés, lélément le plus important doit être la présence de toilettes dans lappartement. « Alors que la loi juge décent un logement qui aurait des toilettes sur un palier à proximité », souligne Thierry Marchand, président de la CDI-FNAIM.
Sécurité. Le critère qui vient juste après est le respect des normes électriques. Il s'agit cette fois-ci d'un élément lié à la sécurité des individus dans leur logement. « Cela peut avoir des conséquences dramatiques et pourtant une large majorité des installations en France ne sont pas conformes », assure Thierry Marchand. Les diagnostiqueurs constatent très souvent ces manquements lors de leurs visites. Malheureusement leurs recommandations de travaux de mise aux normes restent parfois sans effets.
Plus de confort. Les trois critères suivant arrivent à égalité, à hauteur de 21 %, pour les Français. Ils jugent essentiels que le chauffage fonctionne, de disposer dune bonne isolation et davoir une fenêtre donnant sur lextérieur. « Ces points sont liés au confort mais également à lenvironnement. Vivre dans une passoire thermique semble être devenu une idée intolérable pour de nombreux Français. Ils désirent profiter dune température toujours agréable chez eux », indique Thierry Marchand.
Moins de danger. Les derniers critères jugés essentiels par les Français concernent la santé. Ils désignent comme décents des logements ne présentant aucune menace pour la santé de ses occupants. Une mauvaise qualité de lair mais aussi les nuisibles (punaises de lits, termites ) et les moisissures semblent particulièrement inadmissibles. « Ils ont raison. La ventilation joue un rôle essentiel dans lévacuation des polluants dans nos intérieurs pourtant plus de 80 % des installations se révèlent défaillantes », note Thierry Marchand.
Fossé générationnel. Lâge des sondés joue beaucoup sur leurs attentes en matière de logement décent. Les jeunes (moins de 30 ans) misent avant tout sur le confort de vie au sens large. La décence dépasse largement les limites de leur appartement ou de leur maison. Pour eux laccès direct aux transports, aux espaces verts arrivent en premier dans leurs aspirations. La présence dune baignoire, la sécurité du quartier ou encore la luminosité viennent ensuite. Les plus de 60 ans privilégient, eux, plutôt des critères techniques. Ils souhaitent disposer dune surface généreuse et éviter toute menace qui aurait des conséquences sur leur santé. En moyenne, les plus jeunes apparaissent comme plus critiques que leurs aînés sur leur logement.
Paradoxe énergétique. Dans leur grande majorité (64 %), les Français semblent daccord avec lidée que la performance énergétique dun logement joue sur son niveau de décence. « Pourtant quand on regarde les chiffres dun peu plus près, on se rend compte que les choses ne sont pas si simples. En effet, parmi les 7 % des sondés qui avaient jugé leur logement indécent, lisolation ne fait pas partie de leur priorité », indique Jennifer Laroussarias. Dautres préoccupations passent avant comme les problèmes dinsalubrité ou dhumidité. Les travaux énergétiques semblent, pour une grande majorité de Français, réservés à ceux qui ont les moyens. Le confort thermique reste perçu comme un bonus. En revanche, 21 % des personnes interrogées mesurent la décence à laune de nouveaux usages comme le prix des loyers, mais aussi le voisinage (ambiance du quartier, bruit) et les commodités de proximité.