En vingt ans, le paysage immobilier français sest métamorphosé. Dun côté le prix de largent na jamais été aussi bas mais de lautre le mètre carré a flambé dans de nombreuses villes. En croisant l'évolution des prix, des salaires, des mensualités, des taux de crédit entre 2000 et 2020, le courtier Meilleurtaux a passé au crible 44 villes. « Dans 21 villes sur 44 étudiées, la situation est nettement meilleure qu'il y a 20 ans, et si nous étendions l'analyse à l'ensemble des territoires notamment ruraux où les prix de limmobilier n'ont pas augmenté, le pouvoir d'achat serait globalement meilleur aujourd'hui qu'il y a 20 ans », précise Maël Bernier, directrice de la communication et porte-parole de Meilleurtaux.com.
On peut emprunter beaucoup plus aujourdhui. Rappelez-vous : en 2000 le taux moyen sur vingt ans tournait autour de 6, 5 %. Aujourdhui ils sont à 1,1 % ! Pour 1.000 par mois, on pouvait emprunter 134.500 ; aujourdhui pour la même mensualité, il s'agit de 215.500 ! Autre calcul frappant : en 2000, la mensualité, pour un prêt de 200.000 à 6,50 % sur vingt ans, sétablissait à 1.491 . Il fallait donc gagner 4.500 pour obtenir ce crédit (règles des 33 % de capacité dendettement). Aujourdhui, à 1,1 % sur vingt ans, la mensualité, pour le même capital emprunté, tombe à 929 . Des revenus de 2.800 net mensuels suffisent !
Mais des hausses de prix de presque 400 % dans les grandes villes ! Si on emprunte à moindre coût, en revanche on achète souvent beaucoup plus cher dans les grandes villes. « En 20 ans, plus de la moitié des villes étudiées perdent une pièce voire plus », observe Maël Bernier. À Bordeaux, Lyon, Nantes ou encore Annecy, les prix du mètre carré ont flambé en 20 ans de 372 %, 327 %, 222 % et 211 % (source Notaires). Les salaires de leur côté nont bien évidemment pas suivi cette hyper-inflation ! En 20 ans, pour acquérir un bien immobilier de 100 m2 à Bordeaux, il aurait fallu une augmentation de salaire de 126 % entre 2000 et 2020 ou encore de 105 % pour les acheteurs lyonnais.
Paris un exemple emblématique. Avec ses prix stratosphériques, Paris fait figure dexemple. En 2000, le mètre carré oscillait daprès la base des Notaires de Paris entre 5.050 pour le VIe arrondissement (le plus cher) et 2.150 pour le XIXe (le moins cher). Vingt ans plus tard le VIe reste toujours larrondissement le plus cher mais son mètre carré est passé à 14.590 en moyenne. Le XIXe, toujours le moins cher, nest pas en reste puisque quun mètre carré sacquiert en moyenne autour de 9.400 !
Alors on y achète aujourdhui plus petit ! Dans les villes touchées par la flambée des prix, on achète moins grand ! Montpellier, Toulouse, Nice ou Lille ont par exemple perdu en moyenne 30 m2. A Rennes, Marseille et Aix-en-Provence, cest respectivement 23, 24 et 27 m2 de moins. Et à Paris, cest 41 m2. La taille dun petit deux pièces !
Mais on peut encore acheter plus grand. Pour autant, dans 21 villes étudiées, on peut acheter plus grand quil y a 20 ans. Et ce ne sont pas que des villes économiquement sinistrées ! Elles bénéficient pleinement de la baisse des taux. C'est le cas par exemple de Mulhouse, Le Mans, Limoges ou Saint-Etienne qui gagnent respectivement 58, 44, 33 et 32 m2, « des gains de mètres carrés qui représentent à eux seuls des surfaces d'appartement », observe Maël Bernier. Et de conclure : « les mouvements actuels des populations liés à la crise sanitaire modifieront peut-être à terme ces grandes répartitions mais il est encore trop tôt pour en tirer des conclusions définitives ». Un signe qui ne trompe pas, cest la première fois que le prix des maisons augmente plus vite que celui des appartements.