Après la hausse du printemps, les taux immobiliers baissent en été. La moyenne toutes durées confondues hors assurance et coût des garanties (taux brut) sétablit à 1,25%, en juillet 2020 contre 1,29% en juin révèle la dernière étude de lObservatoire du financement Crédit Logement/CSA. Au résultat, le prix du crédit reste très proche de ses plus bas niveaux historiques de la fin 2019. A lépoque, le taux brut moyen était tombé à 1,11%. Pour rappel, cette même moyenne se chiffrait à 1,43% fin 2018 et à 3,21% fin 2012. Et lon se souviendra que pendant la crise de 2008, le taux moyen dépassait les 5%... Une autre époque !
Baisse des taux : nouveaux chiffres. Les données de Crédit Logement/CSA portent sur les emprunts accordés en juillet, autrement dit sur des dossiers montés six à huit semaines plus tôt. La question, cest de connaître les taux pratiqués en août 2020. Daprès les courtiers, ils ont encore perdu quelques dixièmes de points par rapport à juillet. Actuellement, la moyenne brute tourne à 1,35% pour les emprunts sur vingt ans, contre 1,40% en juillet et 1,50% en mai. La question, cest de savoir comment en profiter. Car tous les emprunteurs nobtiennent pas les mêmes taux, tandis que les banques durcissent leurs conditions demprunt.
Les taux immobiliers au 19 août 2020
- 10 ans : de 0,60 à 1,80 %, taux moyen à 1,10 %.
- 15 ans : de 0,80 à 1,90 %, taux moyen à 1,15 %.
- 20 ans : de 1,00 à 2,10 %, taux moyen à 1,35 %.
- 25 ans : de 1,10 à 2,30 %, taux moyen à 1,60 %.
Donnés à titre indicatif, les taux présentés dans ce tableau sont bruts, hors assurances et coût des garanties. Ils proviennent des barèmes bancaires et des données des courtiers en crédit immobilier. Le taux dun prêt est établi au cas par cas, en fonction du profil de lemprunteur et des caractéristiques de son projet. Le principe : plus le risque est élevé, plus le taux monte. Un crédit sur dix ans est moins cher quun emprunt sur vingt ans car sur une courte durée, la probabilité dimpayé est plus faible.
Qui profite des meilleurs taux ? Selon les barèmes bancaires que PAP.fr a pu consulter, un couple dont chaque membre est en CDI, qui injecte 20% dapport personnel hors frais de notaire dans son projet et qui gagne plus de 80 000 € par an (revenu fiscal de référence) peut décrocher, dans les meilleurs des cas, du 0,80% sur quinze ans ou du 1% sur vingt ans (taux bruts). Les emprunteurs standard obtiennent des taux proches des moyennes. Mais pour les petits revenus avec peu dapport personnel, les taux bruts peuvent monter à 1,50% sur quinze ans ou à 1,80% sur vingt ans.
Banques cherchent sécurité. Raisons de ces différences : les banques cherchent à limiter les risques. Et en matière de crédit immobilier, le risque, cest limpayé. Du coup, les établissements prêteurs financent en priorité des emprunteurs capables de faire face à leurs engagements quelles que soient les circonstances. Certains profils sont si convoités que les prêteurs nhésitent pas à leur consentir des rabais. Bref, pour obtenir votre crédit et mieux encore décrocher un bon taux, vous devez rassurer les banques en leur montrant que vous êtes un emprunteur fiable et sûr.
Des conditions bancaires très strictes pour emprunter
Vos finances personnelles. Par où commencer pour décrocher votre prêt ? Par prouver aux banques que vous êtes un bon gestionnaire, que vous tenez bien vos finances. Pas question de vous présenter avec des découverts ou une pléthore de crédits conso. Lun de vos paiements est refusé, vous recevez un avis à tiers détenteur, vous êtes fiché Banque de France : vous naurez pas votre crédit. Attention également aux dépenses inconsidérées, aux jeux en ligne, qui sont très mal vus. Bref, vous devez prouver que la banque prend peu de risques en vous prêtant de largent.
Conseil : préparez-vous. Quelques mois avant de vous lancer, nettoyez vos finances et soldez vos crédits conso. Vous pourrez ainsi présenter des relevés de compte impeccables à la banque.
Lapport personnel. Pour emprunter, votre apport doit compter pour au moins 10% du prix du projet hors frais de notaire. Avec ces fonds propres, vous rassurez les banques puisque vous savez épargner. Surtout, lapport réduit le risque. Avec lui, vous empruntez moins, sur moins longtemps, avec un taux plus bas. Autre sécurité : en cas de vente forcée pour cause daléa de la vie, donc avec une baisse de prix, lapport limite la casse. Rembourser les banques avec un prêt qui couvre 80% de la dette immobilière est plus facile quavec un crédit sans apport, qui finance 100% du logement. Pour en savoir plus, voir notre dossier sur l'apport personnel.
Conseil : musclez votre apport. Mobilisez votre épargne et/ou la participation aux bénéfices de votre entreprise. Faîtes jouer la solidarité familiale en recourant aux donations (elles peuvent être exonérées d'impôts).
Les critères bancaires classiques. Fin 2019, le Haut conseil de stabilité financière, lorganisme qui régule le crédit en France, recommande aux banques de limiter les risques. La durée des prêts est plafonnée à vingt-cinq ans, le montant emprunté ne peut pas dépasser sept années de revenus, le taux deffort est plafonné à 33 % (vous ne pouvez pas consacrer plus du tiers de vos ressources à votre mensualité de prêt. Les banques appliquent strictement ces conditions depuis plus de huit mois et vous devrez les respecter même si vous gagnez très bien votre vie.
Conseil : adaptez-vous. Placez de lapport dans votre projet pour rester dans les clous de la règle des 33% de taux deffort. Vous pouvez aussi allonger la durée : à capital emprunté équivalent, vous baissez la mensualité. Mais noubliez pas que votre crédit ne pourra pas dépasser vingt-cinq ans.
Le reste à vivre. La somme quil vous reste une fois la mensualité payée est un critère de prêt important. A titre indicatif, ce reste à vivre varie de 1 200 à 1 500 € pour un couple plus 300 à 500 € par enfant à charge. Chaque établissement fixe ses propres règles. Si les banque estiment que votre reste à vivre est insuffisant, elles jugeront votre projet trop risqué et refuseront votre dossier. Noubliez pas que le statut de propriétaire génère des dépenses (taxe foncière, charges de copropriété, travaux, etc.). Vous devez être en mesure de les payer tout en remboursant votre prêt.
Conseil : gardez une marge de manuvre. Vous pourrez faire face à vos remboursements en cas de difficultés passagères. De plus en plus, les banques demandent une marge de manuvre égale à six mois de mensualités et de lépargne résiduelle (capacité à mettre de largent de côté une fois léchéance de prêt immobilier payée).
Emprunt : pensez global. Pour comparer ce qui est comparable, basez-vous sur le taux annuel effectif global du crédit. Ce TAEG intègre le taux, mais aussi lassurance décès-invalidité, les frais de dossier, les frais payés à des intermédiaires (courtiers), les dépenses liées aux garanties obligatoires, les frais douverture de compte bancaire (pour prêter, les banques demandent une domiciliation des salaires). Les banques ne négocient plus les frais de dossiers et imposent souvent leur contrat dassurance, alors que vous avez le droit de vous assurer auprès dun prestataire extérieur (délégation dassurances).
Conseil : faites les bons calculs. Informez-vous bien sur les différents aspects du crédit et intégrez toutes ces dépenses dans votre financement. Si vous sous-estimez ces postes, vous risquez le refus de crédit.
Le taux de lusure. Légalement, le TAEG dun crédit immobilier ne peut pas dépasser un plafond légal, le taux de lusure. Certains emprunteurs, dont les dossiers sont plus risqués (jeunes avec peu dapport qui empruntent sur longue durée) se voient appliquer des taux plus élevés. Si lon ajoute lassurance et tous les frais, leur prêt dépasse le taux de lusure et les banques rejettent leur demande. Même donne pour les seniors ou les emprunteurs qui présentent des risques de santé. Ils paient leur assurance au prix fort, ce qui les conduit là encore à dépasser le taux de lusure
Conseil : négociez tout azimuts. Si vous présentez un profil sûr, certaines banques pourront baisser un peu leur taux. Dautres acceptent la délégation dassurance (elle coûte deux à trois fois moins cher que lassurance de la banque). Autre option : souscrire un prêt multiligne. Sur vingt ans, il se compose dune ligne sur dix ans (taux plus bas, assurance moins chère) et dune autre ligne sur vingt ans. Au final, son TAEG est plus bas, ce qui peut vous permettre de rester en dessous du taux de lusure.
Banques : des critères de crédit inattendus
La situation professionnelle. Toujours pour limiter le risque dimpayés, les banques sont attentives à votre situation professionnelle. Les CDI (surtout avec de lancienneté), les fonctionnaires sont bienvenus. Pour les indépendants et les intérimaires rien nest perdu sils montrent un profil sécurisant. Ceux qui travaillent dans des secteurs dactivité durement touchés par la crise (tourisme, aérien, habillement, restauration, etc.) ont plus de mal à emprunter. Lemployabilité, la faculté à retrouver un poste dans des délais raisonnables en cas de perte demploi, devient un critère de prêt.
Conseil : anticipez. Consultez votre banque pour savoir si elle vous considère comme finançable. Vous pouvez aussi faire appel à un courtier. Cet intermédiaire connaît les critères des banques et vous dira si vous avez des chances de décrocher votre crédit.
Le bon logement. Lorsque vous empruntez, le logement vient garantir votre prêt. En cas dimpayés, la vente permet à lemprunteur de rembourser son dû. Encore faut-il que la maison ou lappartement puissent se revendre à bon prix. Cest pourquoi les banques veillent à la qualité du bien et à son emplacement. Dans le neuf, les banques rechignent à financer les logements dont les délais de livraison sont supérieurs à deux ans. Si vous faites construire, mieux vaut signer un Contrat de construction-loi de 1990, seul cadre juridique à apporter une garantie de livraison à prix et délais convenus.
Conseil : respectez la règle dor de limmobilier. Misez sur un bon emplacement (quartier agréable et bien équipé, avec un marché immobilier dynamique). Et dune façon plus générale, privilégiez tout ce qui concerne la qualité, quelle soit technique ou juridique.
Crédit : les cas particuliers. Dans cette logique de réduction des risques, les banques appliquent des surprimes à certains projets plus complexes et/ou plus risqués. Il faut compter par exemple 0,50% de plus pour un crédit in fine (la mensualité couvre les intérêts et le capital est remboursé en une fois à la fin de lopération). Les différés de remboursement ou encore les prêts-relais coûtent de 0,10 à 0,20% de plus. Pour ces mêmes crédit-relais, les banques vont être très pointilleuses quant à lexpertise du bien qui finance le nouvel achat. Lobjectif : réduire les délais de transaction.
Conseil : faites les bons calculs. Anticipez en prenant en compte la spécificité de votre projet. Consultez plusieurs banques pour comparer leurs tarifs et choisir le plus intéressant.
Acheter pour louer : comment emprunter ? En matière dinvestissement locatif, les banques ont durci leurs critères. Pour elles, le risque dune telle opération est double : il tient à la solidité financière de linvestisseur et à lincertitude concernant le versement des loyers. Du coup, les banques imposent de lapport personnel (alors que le financement à 100% par le crédit est plus intéressant), rechignent à prêter sur plus de vingt ans, prennent moins en compte les loyers dans la capacité dendettement. Certaines banques ne prêtent quaux investisseurs qui ont fini de payer leur résidence principale. Bref, lopération reste possible mais il faut bâtir un dossier particulièrement solide. Pour en savoir plus voir notre dossier sur le financement de l'investissement locatif.
Conseil : réduisez les risques. Analysez bien toutes les données de votre projet. Achetez au bon prix. Faites faire des simulations par les banques en tablant sur des hypothèses raisonnables. Choisissez un bon emplacement avec une vraie demande locative et un marché immobilier porteur.
Crédit immobilier : derniers conseils pour emprunter. Obtenir un prêt immobilier na rien dimpossible. Outre le respect des conseils présentés ci-dessus, vous maximiserez vos chances en respectant quelques principes somme toute assez simples. Préparez-vous bien et renseignez-vous sur tous les aspects du crédit. Rendez-visite à votre banque pour vous assurer de la faisabilité de votre projet. Vous pouvez aussi consulter les courtiers en prêts immobiliers. Grâce à leur connaissance pointue du marché et des banques, ils connaissent les conditions de crédit et ils vous diront si vous êtes finançable. Ils sont nombreux à avoir mis en place des attestations de solvabilité. Basées sur des éléments objectifs, elles rassureront les vendeurs sur vos capacités à trouver un crédit. Enfin, ne baissez pas les bras : certaines banques acceptent des dossiers que dautres refusent, ce qui montre que rien nest perdu davance.